FIGURINES MOKAREX, Série "Les piétons de la Grande Guerre"

Bel hommage à un grand bonhomme du temps béni des colonies comme disait Michel

Fusilier marin en 1914









Cette figurine est bien sûr dédiée à l'ami Titi.

Le 7 aout 1914 l’état-major de la Marine décide la création d’une brigade de fusiliers marins pour participer aux combats terrestres. 6000 hommes inemployés à bord des vaisseaux de la Royale, sont regroupés dans une brigade forte de deux régiments, sous les ordres du  contre-amiral Pierre Alexis Ronarc’h.
L’organisation est semblable à celle des régiments d’infanterie. Les grades restent ceux de la marine.

La brigade est envoyée depuis Brest, Lorient, Rochefort, Cherbourg ou Toulon d’abord à Paris. Il s’agit donc majoritairement d’appelés bretons.
La première mission est le maintient de l'ordre à Paris et en banlieue.                                                                    
Les Parisiens remarquent vite l’extrême jeunesse de plusieurs centaines de ces marins, des apprentis fusiliers dont certains n’ont que 16 ans et demi. L’esprit « titi » les fait vite surnommer « les demoiselles de la Marine » ou « les demoiselles aux pompons rouges ». D’autres fusiliers sont au contraire des réservistes assez âgés. Il n'y a que 1450 fusiliers "d'active" au sein de la brigade.
En septembre l'équipement est complété tant bien que mal. Des capotes d'infanterie et des fusils Lebel, des brodequins à clous sont distribués. Des sections de mitrailleuses, des ambulances sont organisées.

Début octobre la brigade est envoyée par train  dans les Flandres, à Gand, pour soutenir l’armée belge qui se retire en combattant vigoureusement vers Dunkerque. Après avoir combattu vers Anvers, elle se retire vers Dixmude qu’elle atteint le 15, poursuivie par un corps d’armée allemand de 50 000 hommes.
Dès le lendemain les fusiliers marins et 5 000  soldats belges sont assaillis par 30 000 soldats allemands soutenus par une puissante artillerie.

Le général Foch demande à l’amiral Ronarc’h de tenir la ville jusqu’à l’arrivée de renforts.
Ces premiers renforts n’arrivent que le 26, 2 jours après l’offensive générale lancée par le prince de Wurtemberg. Il s’agit du 2e régiment mixte colonial composé de tirailleurs sénégalais.    

                   
Le 28 octobre les autorités belges font ouvrir les vannes pour inonder la rive gauche de l’Yser ce qui participe à bloquer l’offensive allemande.
Le 10 novembre les fusiliers marins et tirailleurs sont contraints de  quitter Dixmude après de très violents combats au corps à corps. Mais le front est stabilisé, c’est la fin de ce qui fut appelé « la course à la mer ». Les marins sont envoyés ensuite sur le secteur de Nieuport.

Les fusiliers marins devaient tenir Dixmude pendant 4 jours, ils le firent pendant trois semaines !

Mais ce fut au prix de très lourdes pertes ; la moitié de l’effectif initial est tuée, blessée, prisonnière ou portée disparue. Les pertes sont aussi lourdes chez les tirailleurs sénégalais. . Les Allemands perdent environ 10 000 hommes dans la bataille.

Au total, en 16 mois de présence au front, la brigade de fusiliers marins aura perdu  172 officiers, 346 officiers mariniers et environ 6 000 quartiers maîtres et matelots, soit la totalité de son effectif initial.                                                                                                                                    

Le retentissement de ces combats héroïques fut grand. Le 11 janvier 1915 la brigade se vit attribuer un drapeau, confié au 2e régiment. Elle fut dissoute en novembre 1915, la Marine ayant besoin d’hommes pour armer ses navires dans le cadre de la lutte anti sous-marine, mais un bataillon de marche de fusiliers marins fut alors créé.  Mis à la disposition de la 1ère armée française, il continua de s’illustrer tout au long de la guerre et notamment à Langewaede et au moulin de Laffaux en 1917.                                                                                                    
Titulaire de 6 citations il fut décoré de la Légion d’honneur et les marins purent porter la fourragère rouge correspondante. C’est aujourd’hui le 3e drapeau le plus décoré de l’armée française (suite à ses citations pendant la 2e guerre mondiale).

La figurine, quoique un peu statique, est bien sculptée à l’exception du fusil qui est seulement ébauché.
Sur son uniforme notre fusilier marin porte une peau de mouton retroussée pour se protéger du froid de l’hiver 1914-15 dans les tranchées du Nord.

Les figurines sont vraiment très bien sculptées et peintes.
Bravo pour les exposés bien documentés.

bonjour BIFFIN, continue de nous régaler de ces magnifiques figurines et des exposés qui les accompagnent.

penses tu faire toute la collection ?

bonne journée.

Philippe.

Merci à vous.
C'est vrai que cette série est très plaisante à peindre. Cette période de la 1e Guerre mondiale est riche en uniformes variés et encore assez hauts en couleurs et il y a, d'un point de vue historique, à dire sur chacune.
Pour l'instant je ne me lasse pas mais je ne peindrai pas toutes les figurines.
Il m'en manque certaines (j'essaierai toutefois de me les procurer), une ou deux font plus jouet que figurine et il y en a une dernière que je me refuse à peindre, à titre personnel.

BIFFIN a écrit:Merci à vous.
C'est vrai que cette série est très plaisante à peindre. Cette période de la 1e Guerre mondiale est riche en uniformes variés et encore assez hauts en couleurs et il y a, d'un point de vue historique, à dire sur chacune.
Pour l'instant je ne me lasse pas mais je ne peindrai pas toutes les figurines.
Il m'en manque certaines (j'essaierai toutefois de me les procurer), une ou deux font plus jouet que figurine et il y en a une dernière que je me refuse à peindre, à titre personnel.

Bonjour Biffin, effectivement il est assez facile de se procurer ce type de figurines qui pullulent sur le bon coin par exemple.

Continue de nous enchanter.

Philippe.

Ils sont forts ces marins et ça dans tous les conflits !

Zouave en 1914






Si la Première guerre mondiale, « la Grande guerre », a autant marqué la mémoire nationale, c’est que pratiquement aucune famille française n’a été épargnée par ce conflit. Quelles que soit leurs opinions politiques, leur confession, leur origine sociale ou géographique, les Français y ont combattu et souvent y sont morts pour leur patrie.
Après les volontaires étrangers (le légionnaire de 1917), les Africains (le tirailleur sénégalais de 1914), les Bretons (le fusilier marin de 1914), voici d’autres horizons avec le zouave de 1914.  

A partir de 1842 le recrutement des zouaves est quasi exclusivement métropolitain. Il s’agit alors de soldats de métier. Dès l’instauration du service militaire obligatoire les autorités militaires vont naturellement se tourner vers les citoyens français d’Afrique du nord pour les incorporer dans les 4 régiments de zouaves qui y stationnent.  Puis, à partir de 1901 chaque régiment envoie un bataillon en métropole (en banlieue parisienne et à Lyon). De nombreux métropolitains font alors leur service dans ces régiments.

Dès le commencement de la guerre les effectifs des régiments de zouaves sont donc d’origine très variée.

Contrairement à ce qui est souvent dit le recrutement ne repose pas sur des bases religieuses mais sur la nationalité française*. On y trouve ainsi des Français de métropole, des « pieds noirs » ( Français installés en Algérie, en particulier venant des provinces annexées à l'Allemagne en 1871), des Espagnols, des Italiens, des Maltais vivant en Algérie et globalement naturalisés en 1899, des Juifs algériens (naturalisés par le décret Crémieux en 1870 et constituant jusqu’à 25% des effectifs dans certaines unités), et aussi des musulmans qui avaient renoncé à leur statut « de droit local ou indigène » ( et donc soumis au droit coranique) pour un statut « de droit commun », difficile à obtenir, mais qui leur conférait la pleine citoyenneté française.

Quoiqu’il en soit ces unités « disparates » se montrèrent à la hauteur de la réputation de soldats d’élite de leurs ainés (Italie, Crimée, Mexique, guerre de 1870, campagnes coloniales).                                                                                                                                                          
Au cours de la guerre 5 autres régiments de zouaves furent formés (2bis, 3bis et 7e en Algérie, 8 et 9e  au Maroc).                                                                                                                                      
Quatre de ces 9 régiments obtinrent la fourragère aux couleurs de la légion d’honneur (7 citations pour chacun des 4e, 8e et 9e régiments, 6 pour le 3e), 3 celle de la médaille militaire et 1 celle de la croix de guerre. Les drapeaux des 8e et 9e régiments furent décorés de la Légion d’honneur, celui 3e du de la Médaille militaire.

Prise d'armes et remises de décoration à la Division Marocaine le 5 septembre 1916.
De gauche à droite : le RMLE, le 4e régiment de tirailleurs algériens, le 7e RTA et le 8e Zouaves

En 1914 l’uniforme des zouaves, dit « à l’orientale », était très haut en couleur et folklorique mais parfaitement inadapté à la guerre moderne et au climat européen**. Si les régiments de zouaves eurent le taux de perte en officiers et hommes de troupe le plus élevé de toute l’armée en août et septembre 1914, outre leur courage, leur uniforme trop visible en fut bien responsable. Dès septembre l’état-major envisagea son remplacement. Divers expédients plus ou moins efficaces furent utilisés avant de disposer des nouveaux uniformes. Il en résulta un total manque d'uniformité dans les tenues, ce dont se plaignaient les chefs de corps.
Il en fut de même pour les tirailleurs sénégalais et nord-africains.

* Dans l'infanterie de l'Armée d'Afrique, les légionnaires sont étrangers, les tirailleurs autochtones et les zouaves français.
**Cela avait déjà été constaté en 1870, en Crimée et en Chine.


J’ai laissé à ce zouave sa culotte rouge. En campagne elle était le plus souvent remplacée par une culotte de toile blanche tout aussi visible.

Autochrome Lumière de février 1913

Zouaves en marche 1914 La culotte est bien rouge.


Zouaves en culotte de toile blanche 1914

La couleur jaune du fond des fausses poches décorant le gilet (poches appelées tombeau) désigne le 3e régiment.

Splendide. Pour moi c est retour vers le futur . la première figurine que j ai peinte il y a environ 70 ans....
Bravo et merci pour ce voyage au siècle dernier

BIFFIN a écrit:
Cette figurine est bien sûr dédiée à l'ami Titi.

Merci! Ayant fait partie de la famille des Fusiliers Marins à un moment de ma carrière, je ne peux qu'apprécier cette belle figurine. Je suis d'ailleurs plusieurs fois à Dixmude à l'occasion de commémorations. Je recommande chaudement le musée de la tour de l'Yser!

Superbe comme toujours
Et historique passionnant.

Celui ci est magnifique.

Bonsoir,
le pont de l'Alma pourrait s'enorgueillir d'une telle figurine.
Continue de nous régaler les yeux et nourrir notre esprit.

Philippe.

Superbe zouave, mille bravos !

Merci à vous tous, je continue avec :

Le général Franchet d’Esperey (1856-1942)






Il est représenté sous l’uniforme bleu horizon de général de division en 1917 avant sa prise de commandement de l’Armée d’Orient. Il porte au bras gauche un brassard de deuil, ayant perdu son fils à Douaumont et son gendre, lieutenant-colonel au 333e RI,  en décembre 1916.


En août 1914 il commandait le 1er corps d’armée à la tête duquel il participa à  la bataille de Guise, remportée par le général Lanrezac.                                                                                            
Nommé le 2 septembre à la place de Lanrezac à la tête de la 5e armée*, il joue un rôle essentiel dans la victoire de la Marne.
Par la suite il assura le commandement du groupe d’armées de l’est de mars à décembre 1916 puis celui du groupe d’armées du nord.

En juin 1918 il fut envoyé à Salonique où il devint commandant des forces alliées (Français, Grecs, Britanniques, Serbes et Italiens).                                                                                                            
A l’issue d’une campagne de 14 jours il obtint le 28 septembre la capitulation de la Bulgarie et des troupes allemandes du front d’Orient. Cette capitulation découvrait le sud des empires centraux et accéléra la demande d’armistice de l’Allemagne, consciente de ne pas pouvoir faire face à cette nouvelle menace.
L’Armée d’Orient ne fut pas ramenée en France après l’armistice mais en partie envoyée en  Hongrie soutenir les forces anticommunistes et en Crimée soutenir les Russes blancs. Franchet d’Esperey dut faire face à des mutineries en Crimée (épisode des marins de la Mer noire), les soldats français étant las de la guerre et peu motivés par ce combat qui n’était pas le leur, mais sut maintenir la cohésion de l’armée qui se replia sur Constantinople où elle stationna jusqu’en 1920.

Il fut élevé à la dignité de maréchal de France le 19 février 1921 puis élu à l’Académie française en 1924.

A la fin de sa vie il aurait participé au financement du mouvement clandestin antirépublicain d’extrême droite « la cagoule ».

*Malgré la victoire tactique et stratégique de Guise, prélude nécessaire à la bataille de la Marne, Joffre destitua le général de Lanrezac à qui il reprochait sa mésentente avec le maréchal French, commandant le BEF ( British Expeditionnary Force) , et surtout son attitude très critique envers le haut quartier général. Lanrezac fut peu ou prou réhabilité par la suite.

Les addicts attentifs auront noté une erreur historique sur un détail de cette figurine. Quelle est cette erreur ?

TOUJOURS UNE PEINTURE SPENDIDE
ET MERCI POUR LES INFOS

Bonsoir.
Vraiment passionnant cette série sur Mokarex et de belles peinture en plus. merci.
Pour l'erreur, je donne ma langue au chat!

Encore une belle figurine!

Récapitulatif des 12 premières figurines :



Stop ou encore ?

Pour répondre à Rixeva , un peu de patience, je laisse d'autres personnes chercher encore !

Toujours aussi beau et passionnant.
Je ne trouve pas l’erreur non plus


Et encore encore

Sur la figurine on distingue le ruban jaune et vert clair de la Médaille militaire à droite (pour le général) de celui de la Croix de guerre.                                      
Or Franchet d'Espèrey n'a reçu cette décoration que le 03 octobre 1918, alors qu'il était commandant en chef de l'Armée d'Orient.            
Il ne peut donc pas la porter sur un uniforme bleu horizon de métropole. J'ai été trompé par une photo en gros plan, montrant bien la médaille militaire mais pas le bas des manches avec les 7 étoiles de maréchal comme sur la photo que publie Borodino.

Comme quoi on ne vérifie jamais assez.
J'aurais pu facilement corriger mon erreur mais elle me donne l'occasion de parler de la Médaille militaire.
Je posterai un petit texte à ce sujet dans la semaine.

Bonsoir Biffin, encore une superbe peinture, même s'il y a erreur historique et si (et tu n'y ais pour rien) il me semble que le visage ne soit pas le pus beau qui soit !

Merci pour cette belle leçon d'Histoire.

Philippe.

Petit survol après une pause: taz série est absolumùent splendide et mériterait de figurer un jour dans une musée de l'Histoire de France après avoir circulé dans les écoles. il serait judicieux aussi de produire une ou des vidéos avec ta documpentatin exceptionnelle des personnages dans un but éducatif, comme les écoles et sur le net!!!

C'est un travail magnifique et la minutie apportée à la véracité des personnages en fait une travail absolument exceptionnel!!

Continue ... et songe à t'assocoer pour continuer une diffusion extérieure au Forum uniquement!

Superbe collection.

La photo de famille est bienvenue, vraiment de belles figurines.

Merci pour tous vos commentaires enthousiastes !

Je ne sais pas si l'Education nationale serait intéressée par de tels documents, il faudrait déjà qu'ils récupèrent un ou une vrai(e) ministre !  cela leur sera plus utile et urgent. Mais c'est vrai que tout ceci ne s'enseigne plus à l'école, même dans les grandes lignes.

Je n'ai qu'une toute petite expérience en présentations de figurines, c'était à l'occasion d'une exposition sur 14-18 en 2018 dans la mairie de mon domicile. J'avais prêté mes figurines Métal modèle avec des notices pour chacune d'entre elles. Je n'ai pas eu de retour au delà des remerciements d'usage.

Mais je suis très heureux que cette série intéresse quelques membres du forum!

En ce qui concerne le visage de Franchet d'Espérey, je n'ai pas réussi à rendre par ma peinture son regard ferme et assuré. Le sculpteur a bien rendu la silhouette plutôt massive du modèle mais le visage est trop rond, trop mou. J'ai juste tenté de représenter les paupières tombantes sur leur bord extérieur. Les sculptures étaient plus réussies pour Joffre, Clémenceau, Lyautey et surtout Galliéni.                                                                                                                            
Malheureusement je crains qu'un des prochains personnages historiques ne soit pas mieux traité au niveau du visage. Vous en jugerez!

En tout cas, je me fais bien plaisir avec ces piétons Mokarex !