Amauri de Berulles 1346 - 30mm

Je me replonge dans la peinture de petits plats:
J'ai racheté en seconde main des plats de qualité très moyenne, mais l'un d'eux a attiré mon attention car le sujet pour une fois n'est pas présenté de face ou de profil, mais de 3/4 de face (ou de dos) !!
Le casting est très moyen, parfois grossier au visage, pieds, sur l'armure et le cheval, mais après tout, un peintre arrive bien à peindre des détails sur une fuille de papier plate, alors on ne peut pas se faire mâcher la besogne partout, c'est de la paresse !!  

Le plat est gravé par Ludwig Frank, excellent graveur, le moule sans doute fort usé, était édté par Mueller-Erfurt de bonne facture (à l'époque, années avant 1940).  Son identification est mauvaise: MR 106 ou MR102, 'French knight frontal with a lance, in reserve', un chevalier à cheval facial avec une lance et à 'arrêt.  Il appartient à une série qui décrit les chevaliers et hommes d'armes à pied de la bataille de Crécy et 1346, aussi bien du côté francais, que anglais, et même les arbalétriers génois.

Le nettoyage:
Apès avoir découpé la tranche avant à ras du plat, et affuté son arrière coupant pour l'enficher dans le support du cadre, je redresse la lance qui était pliée durant l'envoi du plat, et aiguise sa pointe très aigüe (heureusement plus facile avec le métal etain/plomb qu'avec les plastiques mous de polystyrene ou autres des figurines 28mm !!).  Ensuite ponçage des barbes de moulage sur le pourtour, puis un ponçage de surface du métal à la laine de fer unltra-fine car le casting fut mauvais avec un mélange de poudre de démoulage collé au métal.  Travail long qui m'a pris plus d'une heure et demi, et j'ai raté le gros trou dans le visage !!rulles
Puis nettoyage et deux couches d'Humbrol matte 34 blanc dilué à la térébenthine 1:1 devant et acrylique noir en bombe derrière. Séchage au soleil de la Méditerranée....  
J'observe que les nouveaux pots d'Humbrol donnent une surface très satinée, très gênante pour les couches initiales d'huile ou d'acrylique, ce qui oblige à apprter une à deux couches un peu plus diluées pour 'coller' à la sous-couche.  Les vieux pots donnaient un mat plus accrocheur !! (Là aussi le profit passe avant la qualité, comme dans l'alimentation )... Mais je n'ai pas le choix ici en Turquie.

Avant de commencer la peinture, il faut définir le personnage, le cheval et la direction de la lumière!

- Le bouclier est dans le dos, mais le tabbard porte les armoiries du chevalier sur la poitrine ...  Je recherche dans les armoiries de la bataille de Crécy, ou si pas, d'Azincourt 60 ans plus tard, parmi les armoiries françaises, et recherche aussi la vie du personnage sur le net.  
Mon choix finit par se fixer sur base de la beauté de l'héraldique sur un français:  Amauri de Berulles:  

  Amauri de Bérulles, chevalier vivait en 1339. Il a servi dans les guerres du roi Philippe de Valois en soutien contre les anglais, et se trouva à la bataille de Crécy le 26 août 1346.  Il fut le père de Thibaut 1er de Bérulles.
La famille de Bérulles a rendu à l’église ainsi qu’à l’état, dans les hautes fonctins de la magistrature, dans les conseils et les armées de nos rois, des services dont l’importance et a continuité marient son rang parmi es familles les plus recommandables du royaume. Elle est originaire de la partie du duché de Bourgogne qui confine avec la Champagne, et s’est toujours alliée avec la noblesse la plus distinguée de ces deux provinces.

-  Ses armes: «De gueules au chevron d'or accompagné de trois molettes du même».

-  Le cheval: avec une héraldique rouge, des rênes et harnachement que je ferai aussi rouge, pas de cheval bai, plutot blanc ou noir, trop chic pour un chevalier, et j'opte pour un cheval champagne, brun pâle.

- Il reste la lumière, non zénithale et pas de face pour ne pas écraser le personnage de 3/4.  J'opte pour une lumière venant de la gauche, 75° en hauteur et 45° au sol, donc de face pour le cavalier, pour donner de la profondeur (et ombrage) à l'arrière du cheval, et ainsi accentuer le volume.

Il ne reste plus qu'à démarrer ....

A suivre avec impatience, c’est un sacré challenge le cheval champagne !

a. Plat brut
b. Plat nettoyé et poncé
c. Deux sous-couches d'Humbrol dilué 1:1 pour conserver les détails de la gravure
d. Début de la peinture à l'huile du heaume, des bras et de la cervelière, et visage en pemières couches


... et c'est alors qu'en photographiant le plat, je constate que le visage a un grand trou rond à droite du nez !!  Petit nettoyage, Milliput et laisser sécher le visage ....  Mauvais examen détaillé de la photo sur l'écran lors de la préparation et sous-couchage !! Un peu de hâte et  - patatras - le défaut est présent!
(pourtant ma check-liste contient cette étape = prendre deux photos sous deux éclairages opposés et examiner l'agrandissement lentement sur écran en marquant les défauts d'u point rouge - , mais je l'ai courtcircuitée par impatience ... à cette taille!).

Mais je continue le reste ...

Painture à l'huile:
1. Début de la peinture du métal (voir étapes précédentes)
2. Premières couches du métal et du rouge, peinture de la lance
3. Couches suivantes, et couche de fond du cheval, renforcer le blanc de la lance et du métal
4. Repeinture du cheval à base de Terre d'ombre naturelle, brûlée, de Jaune de Naples et de Blanc; aussi pmiers reflets dans le rouge pour marquer l'ondulation; ombrage des renes sur le cheval.


Chaque étape, quelques heures ou un jour de séchage, puis reprise, retouches, de plus en plus fines...

Mais quel travail de patience !

quelle technique, je suis toujours en admiration devant les plats d'étain, c'est tellement réaliste à l'œil.

Ce wek-end, plusieurs séances d'ajustements successives
- ombrage sous les rênes pour les faire ressortir du plan du cheval
- ombrage derrière la selle, la jambe
- sous lignage des cuirs rouges pour les faire ressortir du cheval
- éclairer les cuirs d'une ligne de Jaune de Naples+Blanc pour les faire ressortir
- cloutage en jaune de naple clair
- première couche du fourreau de l'épée
- faire ressortir la poignée de l'épée, dessus éclairé, coté gris plus foncé, aussi les détails de l'étrier avec ombres et lumières
- retouches sur le casque, le visage
- sol vert foncé, puis herbes claires, et jaune de naples
- retravail de la robe du cheval, les lumières, ombrages
- retravail des jambes
- peinture des sabots
- ....  il y en a des détails ainsi en continu

et on les retravaille quelques heures plus tard, et encore et encore

Il reste l'héraldique à peindre sur la poitrine, et encore et toujours ajuster le relief, le volume, les ombres, les lumières; donc 2 à 3 jours encore d'ajustements....

Je vous montre aussi à droite le plat en vue plus rasante. Le dos est peint en noir, un noir un peu satnié ici (bombe de peinture brico acrylique satinée.
Comme l'éharldique est en jaune et le jaune est une couleur transparente, il me faudra plusieurs couches pour couvrir le rouge. J'attends quelques jours aussi car le rouge est une teinte à l'huile qui sèche très lentement et il faut travailler sur une couche sèche sous peine d'obtenir de l'orange !


Les ajustements finaux se feront aussi avec un fond noir, et un fond blanc.
Aussi l'effet de volume sera montré en passant la photo couleur, passée en noir et blanc (ce qui permet aussi de corriger des ombres et des lumières, là ou le relief est trop "plat"!!!   (ou avec son smartphone en prenant en noir et blanc ou en sépia)

Voici venu la fin des ajustements successifs depuis 3 jours, et peinture du fourreau, puis de l'héraldique ...  Petit travail de fourmi et d'ajustements, avec analyse critique de ma femme sur les détails...

Ensuite la photo finale sur fond blanc, et sur fond noir, pour évaluer les différences de contrastes et de couleurs, et surtout de relief en trompe-l-oeil, but du pla d'étain.  Pour vérifier le volume tridimensionnel, j'ai transformé la photo couleur en noir et blanc pour éliminer les tonalités et ne garder que leurs valeurs.
Voici les résultats ...

... mais hier dans la nuit, en regardant les dernières photos agrandies sur l'écran, j'ai encore détecté quelques petits détails à travailler, sans refaire ici les photos:
- ombrer la joue du visage du chevalier
- ombrer le ton jaune du V inversé, vers la droite, ombre à côté du bras (rondeur du corps)
- ombrer le rouge de la cuisse vers la droite (rondeur du corps)
- pas peint la bordure jaune du bas du tabbart !!!
- foncer un peu les oreilles du cheval
- foncer légèrement un peu plus la robe arrière du cheval, plus dans l'ombre et en arrière

Ce sera pour l'exposition de la pièce ...  Voilà, on apprend encore et encore, ce qui aidera aussi pour la peinture de pièces plus grandes (maniaque perfectionniste, souci du détail, véracité ?)
Mais non, c'est un hobby, un passe-temps, un challenge personnel qui fait partie du plaisir d'arriver au bout. Je continue d'apprendre .....

Merci de vos suggestions de corrections, votre perception est plus neutre et donc utile.

Ce niveau de détail et cette précision sont impressionnant à cette échelle.

Pour la couleur champagne de la monture le défi relevé sans souci apparemment.

Je ne vois aucun défaut!

Merci, Borodino !!

J'ai rectifié les six remarques et reprend des photos, c'est mieux après ...
Et voilà le résultat final (j'ai supprimé les deux images précédentes)

C’est impressionnant !

Chapeau !
J'en suis totalement incapable....

Mais si, on y arrive petit à petit;

Borodino, je suis totalement incapable de peindre tes figurines 28mm comme tu le fait!  J'en suis admiratif à chaque nouvelles peintures ...

C'est le mieux que j'ai réussi à atteindre il y a quelques années avec un projet des Addicts (ici personnage Caesar), et je me suis honteusement replié dans ma coquille !!

Et une figurine 54mm Vertigo, mais j'ai du y passer deux mois, il y a 7 ans.

et, devinez quoi, j'ai recu trois suggestions de corrections hier d'un Master mythique de plats, très pertinentes, et auxquelle je m'attèle aujourd'hui ...
Je n'ose plus le regarder moi-même d'un oeil critique.

Ce sont de superbes réalisations.
Il n’y a vraiment pas de quoi rougir !

je reste sans voix .

Souci de perfectionnisme, les trois corrections apportées et photos re-tirées ...



(ce qui explique aussi pourquoi autant de plats sont présentés sur fond noir ...)

C’est vrai que le fond noir les mets vraiment en valeur.

Bonsoir Papouille,
comme toujours lorsque le plat est beau, c'est vraiment la discipline la plus impressionnante et effectivement le fond noir permet une meilleure mise en valeur.

Bonne soirée.

Philippe.

Whaou! Le rendu est superbe!

Merci à vous, mais 15 heures de tatonnement ....